Veines d'eau


Les sculptures de Sylvie de Meurville, d’une grande finesse, présentent à la fois une certaine solidité et une fragilité. Entre dessin et volume, ses pièces invitent à parcourir un réseau de chemins. En s’approchant, on découvre diverses qualités de métaux, de possibles reflets. Au mur ou posées sur un socle, ses œuvres laissent deviner la forme d’un corps ou d’un paysage. Sylvie de Meurville voyage à travers les cartes topographiques. Elle s'y promène et, dans un cours d'eau, elle repère une forme, un chemin. Elle détourne ce support, en fait une source d’éléments graphiques. En isolant le tracé du cours d’eau de son contexte et en le redessinant, elle met en évidence sa structure. Des lignes des cartes, elle fait naître d'autres espaces et des systèmes de croissance. Ses veines d'eau, extraits de grands paysages, se transforment en de nouveaux territoires. Le mouvement de l'eau s’immobilise et devient sculpture. La géomorphologie du paysage se révèle. Pour Sylvie de Meurville, le dessin de l'eau est semblable aux ramifications des réseaux vitaux de notre corps. Elle a d’ailleurs utilisé directement le dessin du système nerveux du visage pour créer des portraits qui ressemblent à des végétaux ou des rivières. Archipel, des îles en acier découpé, patiné et verni, sont fixées au mur avec des aimants qui permettent de les déplacer et de créer une infinité de combinaisons. Le mur devient l’océan qui les entoure. Par ses diverses expériences sculpturales, l’artiste incite le spectateur à contempler différemment le paysage, à naviguer dans des espaces imaginaires. Ses sculptures invitent à de multiples parcours.

Pauline Lisowski, pour l'exposition Les énervés à la Galerie Univer - Colette Colla - Octobre 2017.

 
Sylvie de Meurville

Bibliographie